ICEM Tulcea

  • L'Archéo-Théma : Revue d'archéologie et d'histoire = Les frontières de Rome. no. 13. mars - avril
  • Tipul înregistrării: Text tipărit: serial
    Titlu Paralel: Les frontières de Rome
    Editura:
    Anul Ediției: 2011
    Descriere: 82 p.
    Note: Les frontières de Rome La puissance d’un Empire fondé sur la force des légions et qui s’étendait de l’Écosse à la mer Rouge, du détroit de Gibraltar à la Crimée, a trop souvent conduit à des visions tendancieuses et outrancières, encore ancrées dans l’inconscient collectif. Ainsi Mussolini avait-il fait installer sur la nouvelle voie des forums impériaux, entre la piazza Venezia et le Colisée, de grandes cartes murales montrant l’expansion italienne jusqu’à l’apogée du second siècle de notre ère. Sans doute cette vision trouve-t-elle ses racines au sein même de la pensée antique: Auguste, dans son testament, donne la liste de ses conquêtes et se glorifie d’avoir «agrandi les frontières de toutes les provinces du peuple romain» (Res Gestae 26,1). Il ne serait pas difficile de repérer chez les historiens ou les géographes de ce temps les traits qui définissent le Barbare et justifient la conquête: le désordre, l’insolence, la fureur, le goût de l’or, l’intempérance, la mobilité d’âme, en un mot tous les excès de l’esprit et du corps, par opposition à l’Humanitas latine. Cette idée d’une supériorité de la civilisation née sur les bords du Tibre, revivifiée par la Renaissance, a traversé le temps, et c’est en son nom que les Antiquaires du XIXe siècle, puis les érudits et les Universitaires ont entrepris l’étude des frontières romaines. En fouillant le mur d’Hadrien, le limes de Germanie Supérieure-Rhétie, la frontière danubienne, Britanniques, Allemands, Austro-Hongrois s’appropriaient l’héritage classique enseigné au lycée par le truchement du latin. Les Français firent de même… en Afrique du Nord, de sorte que l’un des grands savants de ce temps, René Cagnat, pouvait, en 1912, dédier son ouvrage sur l’armée romaine d’Afrique à l’armée française, dont l’œuvre colonisatrice se voyait ainsi «justifiée» et magnifiée au nom de l’héritage antique. L’image d’une civilisation d’abord victorieuse, puis assiégée et finalement vaincue par l’obscurantisme des Barbares est encore celle qui régit nombre de discours sur les frontières de Rome. Elle repose sur le postulat des bienfaits qu’elle a apportés aux peuples vaincus et dont étaient privés ceux qui n’avaient pas la chance d’avoir été contraints de passer sous le joug… Or la réalité paraît plus complexe et mouvante. Il ne faut pas oublier que le pouvoir de Rome ne s’est jamais limité aux seules provinces soumises à son autorité directe. Déjà, vers le milieu du IIe siècle avant notre ère, l’historien grec Polybe pouvait écrire cette phrase étonnante: «Tous reconnaissaient comme inéluctable la nécessité d’obéir aux Romains et de se soumettre à leurs volontés» (Hist. III, 4, 3). Or cette assertion concerne tous les rois et dynastes restés indépendants. Polybe avait donc bien conscience que l’Empire était constitué par une zone d’influence bien plus large que les territoires sous administration directe. Une carte fidèle de la domination romaine à l’époque augustéenne, 150 ans plus tard, devrait englober des régions entières qui n’étaient pas encore des provinces, stricto sensu, notamment en Asie Mineure ou en Afrique. Ce système d’états vassaux permettait une assimilation progressive, rendant inutile une conquête immédiate. Au second siècle de notre ère, Trajan devait ainsi s’emparer sans coup férir de la Nabatène (actuelle Jordanie) alors que ses rois obéissaient depuis longtemps à Rome: même au milieu du IIIe siècle, les princes de Palmyre, théoriquement indépendants, étaient en fait de véritables légats d’Auguste. On trouve aussi, au delà des frontières, des garnisons romaines isolées: une inscription militaire récemment découverte dans les îles Farasan, au sud de la mer Rouge, vient opportunément nous rappeler que la limite de l’Empire pouvait être une réalité très différente des clichés qu’on véhicule le plus souvent (voir Archéothéma n°9, p. 43). Si la menace barbare n’était pas la même partout, la réponse était évidemment différente d’un secteur à l’autre. De ce point de vue, l’architecture du mur d’Hadrien constitue un cas qu’on ne doit pas généraliser. La frontière de Germanie Supérieure/Rhétie ne fut matérialisée, à partir du règne de Trajan, que par un simple chemin bordier (c’est le sens propre du mot limes), jalonné de tours en bois, puis flanqué d’une palissade sous Hadrien. Seule la frontière de Rhétie fut reconstruite en pierre, sans doute sous Commode, une époque qui vit la résurgence d’une menace germanique plus forte, tandis que celle de Germanie Supérieure était défendue par une levée de terre et un fossé. Le long des grands fleuves, le Rhin inférieur, le Danube moyen, c’est le cours d’eau lui-même qui formait avec ses garnisons la ligne de défense, sans qu’il y ait jamais eu besoin de barrière linéaire. Dans les zones désertiques le dispositif militaire était tout différent. Les relations avec les populations vivant dans ces secteurs frontaliers de l’Empire ne furent donc pas partout et toujours identiques. D’abord parce qu’on ne faisait pas la guerre tout le temps et avec tout le monde à la fois. Certains soldats étaient d’ailleurs en mission extérieure, parfois lointaine. La mise en place de frontières fixes, en Europe, devait avoir des conséquences historiques et culturelles durables en créant, sur l’arrière de la frontière, des zones vivant en symbiose avec l’armée et largement tributaires de sa présence, mais assurément distinctes des provinces purement «civiles». D’abord parce que, dans ces zones, Rome a profondément et durablement modifié les formes de l’occupation du sol. Des agglomérations qui ont poussé dans les parages des camps, au contact des soldats, sont nées nombre de villes qui devaient avoir une fortune historique considérable: Mayence, Coblence, Bonn, Cologne, Nimègue, mais aussi Vienne, Budapest ou Belgrade, trois capitales de l’Europe actuelle ! Les soldats ont drainé vers la frontière d’importants flux économiques, parfois sur de très longues distances, contribuant à l’émergence d’une véritable intégration économique au sein des provinces de l’Empire: l’huile d’Espagne, le vin de Gaule arrivaient dans les postes du Rhin, mais aussi le poivre de l’Inde, une épice particulièrement coûteuse, réservée à la table des grands officiers. La population militaire, habituée aux pratiques alimentaires méditerranéennes, a apporté avec elle toute une série de plantes, inconnues dans ces régions, et les y a acclimatées: poires, cerises, pêches, coriandre par exemple. Ce mouvement économique s’est étendu à des régions entières, contribuant à leur essor agricole ou industriel: ainsi les bronziers d’Alésia travaillaient-ils pour la cavalerie romaine du limes, au Ier siècle de notre ère. Les soldats ont, en outre, apporté avec eux des habitudes culturelles nouvelles (les thermes, la vie publique à la romaine, des formes sociales différentes, une langue). De ce point de vue, la frontière, à la fin de l’Antiquité, marquait une véritable rupture entre l’intérieur et l’extérieur de l’Empire, une coupure qu’on sentait encore à l’aube des temps modernes.
    Limba: Franceză
    În: L'Archéo-Théma : Archeodunum, 2009-
    Subiect: archéologie
    Subiect: arheologie
Unităţi
Număr Copie: c.1
Nume localizare: ICEM Tulcea
Numere deţinute: 1
1 Exemplar(e) disponibil(e)
Lucrări în relație
Evaluări
Exportă
Filiala de unde se ridică
Vă rugăm să schimbaţi parola